Empire

Martin Michel Charles Gaudin

Référence : GAUDIN

GAUDIN, Martin-Michel-Charles (1756-1841) ministre des Finances, duc de Gaëte

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 GAUDIN, Martin-Michel-Charles (1756-1841) ministre des Finances, duc de Gaëte

 

Celui qui devait être le ministre des Finances du Consulat et de l'Empire du 11 novembre 1799 au 1er avril 1814 et du 20 mars au 22 juin 1815, est né à Saint-Denis, près de Paris, le 16 janvier 1756. Il était le fils de Charles Gaudin, avocat au Parlement de Paris et de Louise-Suzanne Ragot, son épouse.

De 1778 à 1782, il prend la direction des Impôts fonciers, puis devient premier commis des Finances en 1789.

En 1791, il est nommé membre du comité directeur de la Trésorerie nationale.

Commissaire général des Postes sous le Directoire, il refuse à plusieurs reprises d’être nommé ministre des Finances. Il accepte finalement après l’arrivée au pouvoir de Bonaparte et occupe cette fonction de 1799 à 1815.

Lors de sa prise de fonction initiale, Gaudin a 44 ans.

Il est un parfait « commis » des Finances, compétent, travailleur, intègre, ponctuel, pratique et ordonné. Il n'a rien d'un idéologue, ni même d'un théoricien. Il se contente modestement d'être au service de l'Etat. Bonaparte avait de lui : « Il sait les choses. » Or, quand il disait d'un homme « il sait les choses », « il parle en homme qui sait son affaire », c'est qu'il avait apprécié les qualités de l'intéressé.

Gaudin qui restera ministre jusqu'en 1814, appliquait fidèlement les instructions de Napoléon. De son côté, Napoléon reconnaissait chez Gaudin, sa compétence technique et son aptitude à faire la synthèse entre les systèmes de l'Ancien Régime et de la Révolution. Il le soutenait et l'encourageait. En germinal an VIII, le Premier consul lui écrivait : « C'est parce que nos besoins sont grands et notre position délicate que vos talents, votre probité et votre zèle pour le bien public sont nécessaires. Vous avez déjà beaucoup fait. Il vous reste sans doute bien des obstacles à franchir… Il faut que tout le bien qui reste à faire soit fait sous votre ministère. Je n'ai pas besoin de vous parler de la confiance et de l'estime sentie que j'ai pour vous ».

En effet, dès sa nomination, Gaudin s'était attelé à sa tâche. En ce qui concerne les contributions directes, il place, en moins de six semaines, dans chaque département, un directeur et un inspecteur des impôts, dans chaque arrondissement, un contrôleur et, désormais, les collecteurs d'impôts sont remplacés par des percepteurs. Progressivement étendu au Grand Empire, le système assurera la rentrée régulière de 400 millions par an.

La Banque de France (loi du 26 brumaire an VIII – 17 novembre 1799) , la Caisse d'amortissement de la dette (loi du 6 frimaire an VIII – 27 novembre 1799)  et, plus tard, la Cour des comptes (loi du 16 septembre 1807)  sont créées.
 
Pour assurer la répartition des impôts fonciers entre les départements et les propriétaires, Gaudin généralise la confection d'un cadastre, une opération gigantesque (arrêté du 11 messidor an X – 30 juin 1802), « inutilement réclamée, disait-il, pendant des siècles et qui ne pouvait appartenir qu'au siècle de Napoléon ».
 
Ses efforts portent aussi sur les impôts indirects (enregistrement, timbre, douanes, cartes à jouer, métaux précieux, tabac, sel, boissons…), dont il soutenait fermement le principe, et il organise leur perception sur le modèle des impôts directs.

Dans son Rapport sur l'Administration des Finances de 1808, il souligne avec une légitime fierté que « la France offre l'exemple unique, parmi les grands Etats, d'une recette de plus de 800 millions qui se fait régulièrement, sans qu'il soit besoin d'avoir recours à aucun signe fictif » .

Le ministre Gaudin bénéficie de la confiance de Napoléon. Il travaille directement avec lui et Gaudin a raconté qu'ils avaient préparé le budget, dans un cabinet de l'Empereur, alors qu'après minuit et, par deux fois, Joséphine avait fait dire à Napoléon qu'il était attendu au bal que donnait le ministre de la Marine.
 
Outre son traitement, Gaudin reçoit de Napoléon une gratification annuelle de 100 000 francs.
 
Grand officier de la Légion d'honneur le 4 juillet 1804, puis Grand Aigle lors de la promotion du 2 février 1805, Gaudin est fait comte d 'Empire (26 avril 1808), puis duc de Gaëte (15 août 1809), avec des dotations en Westphalie et Hanovre, au royaume de Naples et en Illyrie.
 
A la fin de 1811, il exprime ses craintes sur la campagne de Russie qui se prépare, mais l'Empereur le rassure : « L'Europe paiera ». Or, au lieu de cela, la Grande Armée ne revient qu'avec 2 millions-or sur 110 millions emportés…

En 1814, le duc de Gaëte demeure fidèle à l'Empire jusqu'au dernier moment puisqu'il fait partie du groupe restreint qui accompagne l'Impératrice Marie-Louise à Blois.
 
Lors du retour de l'Ile d'Elbe, Napoléon lui rend le ministère des Finances et le nomme à la Chambre des pairs (3 juin 1815). Après Waterloo, il quitte définitivement son ministère le 7 juillet 1815.
 
A Sainte-Hélène, Napoléon lui a rendu hommage : « Tout ce qu'il est possible de faire en peu de jours pour détruire les abus d'un régime vicieux et remettre en honneur les principes du crédit et de la modération, le ministre Gaudin le fit.  C'était un administrateur de probité et d'ordre, qui savait se rendre agréable à ses subordonnés, marchant doucement mais sûrement. Tout ce qu'il fit et proposa dans ces premiers moments, il l'a maintenu et perfectionné pendant quinze années d'une sage administration. Jamais il n'est revenu sur aucune mesure, parce que ses connaissances étaient positives et le fruit d'une longue expérience ». 
Napoléon a dit aussi que Gaudin était « une forteresse contre la corruption ».

 

Martin-Michel-Charles Gaudin, duc de Gaëte, est mort à Gennevilliers, près de Paris, le 5 novembre 1841, à l'âge de 85 ans. Il est inhumé au cimetière de l'Est, dit du Père-Lachaise.